
Choisir le Québec et Montréal : c’est la facilité !
Ah cette phrase, je crois que je l’entends à chaque fois que je dis que je vis à Montréal. Et puis, c’est un peu le leitmotiv sur les groupes Facebook d’immigration. A croire que si tu vas dans une province anglophone tu es un « warrior », alors que si tu dis que tu vas au Québec et encore plus à Montréal, tu es un peureux doublé d’un raté. Gare à toi si tu dis que tu vis sur Le Plateau comme moi (bon à l’heure actuelle non, mais je veux y retrouver pour me rapprocher de mon travail donc les gens me considèrent comme le cliché des français qui envahissent Montréal sans s’intégrer !).
Mais au final, est-ce que choisir le Québec et surtout Montréal est une vraie facilité. Au bout de mes 6 ans d’immigration pour arriver à la résidence permanente (découvrez mon long parcours dans un article dédié), je peux CLAIREMENT ASSURER QUE NON : MONTRÉAL, CE N’EST PAS CHOISIR LA FACILITÉ ! Bien au contraire, c’est se mettre des bâtons dans les roues quand l’objectif est une immigration permanente sereine.
Ce qui fait que les gens ont tendance à dire que Montréal est la facilité, c’est que la voie d’arrivée aéroportuaire du Québec et que dans cette province on parle français – comme tout le monde le sait. Mais en gros, c’est le seul avantage que nous aillons et il disparaît bien souvent quand on commence à chercher du travail où il faut maîtriser l’autre langue officielle du Canada : l’anglais. Alors voir le Québec comme une facilité est quelque de bien mince quand le seul réel avantage est notre langue. Pour le reste, il y aura des barrières et des obstacles, qui sont souvent plus gros que pour les provinces anglophones.
Vous ne me croyez pas, allez petit tour d’horizon des contraintes du Québec ! Je tiens à préciser que ce qui est dit correspond au contexte post-Covid-19 et plus particulièrement à l’automne 2024. Du coup, ce n’est pas la peine de commenter « oui, mais avant… ou moi en 2018 ». Je parle d’immigration au moment présent et non pas de celle de 2016 ou de celle de 2028.
Pour commencer, il faut que je précise que par rapport à notre blog, le choix de Montréal est différent pour nos deux rédactrices. Là où Lola a choisi consciemment Montréal, il en est tout autre pour Cia où Montréal était la destination non voulue au départ mais finalement adoptée. J’avais (Cia) un PVT actif à la base jusqu’en juin 2020. Comme tout le monde le sait, en 2020, la planète a été touchée par l’épidémie de Covid-19. Il s’en est suivi des confinements partout dans le monde, des règles très strictes et des fermetures de frontières. A l’époque, si la lettre de correspondance n’était pas utilisée, cela comptait quand même comme une participation EIC. Bref, il y avait cet impératif pour partir et d’autres. Le Canada a heureusement donné des prolongations de lettre de correspondance (chose exceptionnelle qui n’existe plus maintenant) mais a surtout imposé d’avoir une promesse d’embauche ou contrat de travail pour être autorisé à passer les frontières. Cela compliqué donc énormément la tâche pour partir. Trouver une entreprise prête à vous accueillir alors que vous êtes à 6000km avec l’incertitude de partir n’est pas une mince chose à faire. Mon secteur d’activité, la culture, étant à l’arrêt total durant la pandémie, c’est grâce à mon conjoint que j’ai été autorisée à partir. Cela faisait plus de 6 mois que nous désespérions de partir pour ne pas perdre nos PVT, alors en mode « qui ne tente rien, n’a rien ! », il a recontacté l’agence de placement qu’il avait rencontré lors de notre voyage d’observation en 2019. (Vous pouvez découvrir notre parcours entier dans un article dédié). Et la chance étant avec nous, il a obtenu une promesse d’embauche pour lui et une pour moi mais pour Montréal comme vous l’avez peut-être compris. Dans le contexte de 2020, nous n’avons pas hésité plus longtemps et saisi cette chance de s’envoler pour le Québec. Et puisse que cela a été le bordel durant encore 2ans à cause de la Covid-19, nous avons commencé à s’établir ici par nécessité. Les mois ont passé, les années aussi et nous avons décidé de rester à Montréal malgré toutes les embûches rencontrées en raison de la stabilité professionnelle que nous y avons trouvé. Cette expérience m’a apprise que même si on prévoit beaucoup dans notre immigration, rien ne se passe comme prévu. Ce n’est pas forcément mal, il faut savoir voir cela comme une chance et la saisir.
Mais revenons à notre sujet principal : Montréal n’est pas une facilité en termes d’immigration !

La nourriture et le logement
Commençons par le basic : avoir un toit au-dessus de la tête et à manger dans l’assiette.
Cela ne choquera personne qui le Québec a subi l’inflation post pandémie comme la majorité des pays dans le monde. Eh bien, c’est quelque chose ici ! Oui, cela a augmenté partout mais au Québec les prix sont devenus fou. Je suis rentrée en vacances en France en octobre 2024 et j’ai bien ris quand j’ai découvert les prix des supermarchés. La nourriture même les aliments de base sont devenus chers ici au Québec, c’est une réalité qu’il faut prendre en compte. Alors préparez à éplucher les circulaires et chasser les rabais.
Le Québec et particulièrement Montréal subissent une crise du logement assez violente. Fini les loyers à moins de 1000 dollars pour deux chambres. Oubliez ça tout de suite, vous vous faites de la peine. Cela existe peut-être encore mais c’est presque aussi rare que gagner à l’Euromillion. Et même si Pierre vous dit qu’il a un tel loyer, demandez-lui depuis combien de temps il habite là. Depuis 2023, les règles en terme de cession de bail ont également changé. Et malgré que le gouvernement maintienne que cela est favorable au locataire, ce n’est pas la réalité, cela profite aux propriétaires qui ont considérablement augmenter les loyers depuis la pandémie. La crise du loyer est là et bien réelle. En octobre 2024, le prix moyen d’un 3 ½ (une chambre) est de 1600 dollars
Autre point concernant le loyer, le Québec est loin d’être « pet-friendly ». Venir avec ses animaux est loin d’être facile à Montréal. Concernant le logement, nous sommes en train de développer un dossier complet que vous pourrez bientôt retrouver sur le blog.
Notre langue commune
Parlons du français, notre seul avantage (m’enfin pas vraiment !).
Alors certes, c’est un avantage au moment de l’installation : parler français pour ouvrir son compte bancaire et négocier ses assurances, magasiner internet et la téléphonie en français, chercher un appartement en français, passer des entrevues professionnelles en français, Oui, il y a un côté rassurant à faire toutes les premières démarches en français mais l’avantage s’arrête là. C’est un confort au départ et à une étape précise des démarches de résidence permanente mais c’est tout ce que cela est. Et vraiment c’est bien pauvre pour affirmer que le Québec est le choix de la facilité.
Si vous faites le choix Montréal pour ne pas à avoir à parler anglais, vous risquez d’être déçus.
Dans le travail, une grande partie d’entre vous aller être confronté à l’anglais. Tous les métiers de service ou en lien avec du public, l’industrie qui utilise beaucoup de termes anglais voir des logiciels seulement en anglais, les métiers de communication et de l’événementiel, la culture, même dans la construction, … Bref, pour un tas de métiers il faudra maîtriser l’anglais à différente échelle.
Et quand vous tombez sur une annonce qui demandent d’être bilingue, n’attends pas à ce que cela soit dans le sens « parler couramment français et baragouiner en anglais » , non cela est plus l’inverse « savoir correctement parler anglais et avoir des notions de français ». Parler français n’est pas un atout au Québec et à Montréal, c’est savoir parler anglais qui l’est !
Pour Lola qui travaille dans la communication, cela était dans sa fiche de poste. Elle doit savoir parler anglais et on le comprendre totalement. Beaucoup d’entreprises au Québec ont des partenariats et des clients en dehors du territoire francophone, dans les provinces anglophones voir aux Etats-Unis.
Dans mon métier, technicienne en loisirs en CHSLD, je rencontre de l’anglais. Même si le Québec offre ses services publics en français, cela est un droit des usagers d’être traité dans sa langue. Et si je ne veux pas exclure les résidents anglophones, je dois pouvoir converser avec eux.
L’anglais est quand même présent au Québec. Vous le rencontrerez à Montréal à différente échelle.
L’accès à la santé
Cette partie va être courte. Le Québec est la seule province du Canada à ne pas offrir l’accès à l’assurance santé provinciale (RAMQ) pour les PTViste. Oui, toutes les autres provinces l’offre mais pas le Québec.

L’immigration permanente
Ah, on arrive au gros du gros qui vient totalement anéantir que le Québec soit la facilité.
Le Québec est une province à part en termes d’immigration et de processus. Cette province a ses propres règles et ce sont les plus dures du Canada. Là où certaines provinces anglophones possèdent également leurs propres règles de sélections qui sont bien souvent simples que les critères fédéraux afin d’être plus attractifs et recruter dans des secteurs géographiques plus éloignés des mégalopoles ; pour le Québec, c’est tout autre. Le Québec a fait un virage pour l’immigration et durcir de plus en plus règles depuis la Covid-19.
C’était déjà le cas depuis 2020 mais ces derniers mois, il y a eu un grand resserrement à l’été 2024. Ce sont certes des règles temporaires pour certaines mais cela ajoute des obstacles à un processus d’immigration permanente déjà compliqué à obtenir.
Et on ne va pas se le cacher, une grande partie des immigrants français qui viennent en PVT à Montréal dans l’espoir d’obtenir la résidence permanente n’ont pas fait leur travail préparatoire concernant celle-ci. Des situations critiques de personnes qui ne s’étaient bien pas renseignées ou qui ont suivi les dires du copain Machin venu il y a 10ans ,cela arrive tous les jours.
Nous en parlons dans un article dédié à l’importance d’être préparé et de toujours suivre l’actualité en termes d’immigration.
L’une des erreurs courantes en 2024 est le fait de ne pas comprendre correctement les règles du Programme de l’Expérience Québécoise (le PEQ – le programme chouchou des PVTistes à Montréal). Alors que pourtant elles ont changé en juillet 2020, soit donc plus de 4 ans. Oui, c’est l’un des programmes qui permet d’obtenir le CSQ pour faire la Résidence permanente mais il est malheureusement impossible d’appliquer au PEQ volet des travailleurs après seulement un PVT en raison du critère qui demande d’être en emploi durant la demande. En gros, comprenez que vous devez avoir un statut valide avec un permis pour appliquer au PEQ travailleurs après votre PVT. Donc le PVT n’est pas ce qui vous donnera accès à la résidence permanente.
Arrêtez de vous baser sur les dire de vos amis qui sont venus ici avant la pandémie et ont fait le PEQ, c’est le meilleur conseil que vous pouvez appliquer dès à présent. Les critères d’admissibilité de 2024 ne sont pas les mêmes que ceux de 2019, et il se peut que cela change un jour.
Voici un petit aperçu des changements en termes d’immigration depuis l’été 2024 (certains changements sont permanents et d’autres temporaires – toujours vous renseignez si cela est toujours en vigueur)
- Prise de rendez-vous pour le tour du poteau au Québec mais maintenant aussi à certains postes frontières de l’Ontario, des Maritimes et de Colombie-Britanique (arrêt total du tour du poteau depuis le 23 décembre 2024)
- Permis conjoint de fait seulement pour les étudiants au niveau maîtrise et doctorale (certaines autres exceptions existent)
- Fin de l’assouplissement pour les permis Conjoint de fait pour les travailleurs (plus d’informations à venir)
- Resserrement de la liste des diplômes éligibles à un permis post-diplomes et à la résidence permanente par PRQ des diplômés du Québec
- Gel des permis fermés bas salaires pour la région de Montréal ou région à plus de 6% de chomâge
Je n’ai pas tout détaillé mais vous voyez que cela va vers un resserrement et un durcissement des critères d’immigration. De plus, cela tend devenir de même pour le fédéral.
Et quand ces règles sont annoncées, elles sont soit par chance appliquées dans plusieurs mois, soit par malchance mises en service seulement deux à trois semaines après l’annonce et sans clause grand-père qui offre une rétroactivité. Cela a été le cas pour le gel des permis fermés à Montréal, annoncée mi-août, déjà en vigueur début septembre. Cela a créé une grande panique chez les gens qui pour certains préparer leur stratégie fin de PVT depuis des mois et on vu tout s’écrouler en deux semaines. Pire pour l’arrêt du tour du poteau qui a été mis en application 24h après l’annonce.
Et ne sous-estimais pas cette partie-là. Les règles d’immigration changent plus régulièrement que vous le pensez et c’est d’une violence extrême quand cela ruine vos projets. J’y ai été confronté plusieurs fois en 4ans et Lola n’y échappe pas non plus. C’est une réalité mal prise en compte par de nombreuses personnes. Il faut souvent avoir un plan A, B, C et voir D, ainsi que le cœur bien accroché et être réactif.

Alors, je me dois de mentionner qu’il ne s’agit pas d’un article pour que les gens renoncent à Montréal. Il s’agit de déconstruire l’idée préconçue comme quoi le Québec et Montréal en particulier sont le choix de la faciliter et de la paresse pour les PVTistes. Cet article a pour but de montrer que même ici il y a des obstacles et que la réalité peut être plus éloignée que celle des magazines et des reportages télé. Oui, il y a des contraintes pour l’immigration sur le long-terme mais je vous rassure la vie est belle à Montréal même pour les gens qui n’avaient pas prévu d’y être au départ. Et cela vous allez le découvrir dans de nombreux articles sur notre blog.
Bienvenue à Montréal!
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